« Mythologies des formes » / Celia-Hannes
Vernissage : samedi 04 juin 2016
18h : Conférence de Celia-Hannes.
19h : Vernissage.
21h : Daniel’s Child, concert. Dans le cadre du festival Résonances, organisé par l’Adda 82.
<nivoslider702>
Le duo franco-autrichien Célia Picard et Hannes Schreckensberger est né d’une fascination commune pour les objets qui incarnent l’identité de la société dans laquelle ils ont été créés. Aux quatre coins du monde, leurs projets expérimentaux entretiennent un lien étroit avec les ressources humaines et matérielles locales.
De la Chine à l’Afrique du Sud, les designers conçoivent des scénarii et des stratégies entre arts plastiques et design. Les formes énigmatiques qu’ils créent invitent chacun à inventer de nouveaux usages et de nouveaux rituels. Ainsi, Emissaire, 2013, série de 10 petits dômes en verre soufflé, de différentes tailles, à poser sur le bureau, n’impose pas à son utilisateur un usage précis, mais invite à une expérimentation à la fois ludique et méditative de ces formes. Réalisés artisanalement, à contre courant des stratégies productivistes issues du monde du travail, porteur en eux d’une charge sensible liée à leur mode de production, Les Emissaires jouent dans ce contexte particulier, le rôle d’éléments perturbateurs, d’objet de pause volontaire à usages multiples. Poétique et ludique, le projet n’en dérègle pas moins les pratiques en usage dans le monde industriel en introduisant une forme simple et artisanale, sans projet plus précis que son pouvoir d’invention et de méditation. Celia-Hannes cherche ainsi à faire fusionner la dimension évocatrice d’objets énigmatiques, encourageant un usage libre, indéfini, avec le caractère plus nettement fonctionnel d’objets utilitaires.
Ainsi, toujours en 2013, ils conçoivent NYC lid collection. Là encore, le contexte a son importance. Partant du constat que dans les quartiers populaires de New York, les couvercles en plastique des tasses à café à emporter remplissent toute une série d’autres usages que ceux pour lesquels ils ont été conçus, Celia-Hannes décide d’en collectionner les formes et d’en réaliser, suivant une technique archaïque, des moulages en étain. Réalisés à même le sable de la plage de Cosney Island, dans l’empreinte de leurs formes, les moulages des couvercles à café prennent une dimension artisanale, singulière et précieuse. Le duo crée alors une sorte de collection d’objets archéologiques figeant dans le métal la culture populaire du DIY (Do it youself, "fait le toi même" en français). Cette réactivation de techniques et d’usages populaires est un trait commun de nombreux projets des designers, comme il en sera le cas en 2014 avec la Frugal collection Cape town et ses tapis mélangeant vannerie en Emezi (type de papyrus local), pièce de métal et nylon, réalisé en Afrique du Sud, à partir de ressources et de savoirs faires locaux.
Pour La cuisine, centre d’art et de design, le duo propose une lecture symbolique nouvelle de l’outillage agricole impliquant comme à leur habitude, de nouveaux usages. Partant du constat que l’agriculture nous permet de satisfaire nos besoins alimentaires, Celia-Hannes envisage celle-ci comme un domaine à la fois pragmatique et hautement symbolique. Ici se tissent les liens entre l’homme, son environnement, son travail et sa nourriture. Les outils qui permettent cette production sont les moyens et les symboles de savoir-faire essentiels. Les outils agricoles nous relient aux mythes fondateurs, aux traditions locales, réelles ou fantasmées, à la possibilité d’autarcie, au progrès salvateur ou aux futurs alternatifs. Le travail de cette résidence mêle archéologie, artisanat et tutoriels internet pour proposer de nouvelles formes et ouvrir des possibilités d’usages nouveaux.
Interview de Célia Picard, artiste, par Martine Calcinotto pour Radio d’Oc